8 questions au gestionnaire du projet baromètre Citoyen du Covid-19 au Bénin
”Billet retour sur le projet CovidBarometre229. Allons à la découverte de tous les rouages de ce projet par la voix de son gestionnaire”.
Bonjour monsieur le gestionnaire de projet. Présentez-vous en quelques mots.
Bonjour monsieur. On m’appelle Qowiyou FASSASSI, gestionnaire du projet Baromètre Citoyen du Covid-19 au Bénin. Vice-président en charge des partenariats et de la mobilisation des ressources au sein de l’ONG Voix et Actions Citoyennes.
Dans quel cadre le projet baromètre citoyen du Covid-19 a-t-il été mis sur pied et par qui ?
Une idée sous-tend ce projet : En quoi une Organisation de la Société Civile pourrait contribuer à l’ouverture des données traditionnellement pensée comme l’apanage des gouvernants ? Le contexte épidémique de la Covid-19 fut propice à la maturation de cette idée qui nous taraudait depuis fort longtemps. Ainsi, du moment qu’il n’existait aucune donnée sur la perception des citoyens sur la Covid-19 et leur vécu de la pandémie, il nous fallait à tout prix combler ce vide de données. C’était donc un nouveau défi à relever au sein de l’ONG Voix et Actions Citoyennes. C’est ce qui nous a conduits à soumettre le document de projet pour financement. Ce projet implémenté a donc été précédemment soumis au financement du PAGOF (Partenariat pour un Gouvernement Ouvert en Afrique Francophone) et fut retenu pour financement. Il est de notoriété publique que les financements du PAGOF sont obtenus sous la houlette de l’AFD mais par le biais de CFI Médias et d’Expertise France.
Quelles étaient donc les finalités du projet ?
Le projet CovidBarometre229 ou baromètre citoyen du covid-19 au Bénin se voulait d’offrir la parole aux citoyens béninois afin de connaître leur vécu de la pandémie, leur crainte et appréhension. A terme les résultats de cette consultation citoyenne devraient être rendus publics dans une philosophie d’ouverture des données. Ces données sont censées être mis à la disposition des Organisations de la Société civile en qualité de porte-voix des citoyens afin de soutenir leur plaidoyer auprès des autorités publiques pour le bien-être collectif dans la gestion de cette pandémie sans précédent. Ce souci de bien-être conduit naturellement à fournir les résultats de l’étude aux gouvernants afin qu’ils puissent être en mesure d’évaluer le chemin parcouru, les mesures appréciées par les citoyens et le chemin qui reste à parcourir dans la satisfaction de l’intérêt général en période de pandémie.
Ce projet est un travail qui a nécessité l’engagement de plusieurs acteurs (Organisations de la Société civile, citoyens engagés et bénévoles) dont je loue l’engagement inconditionnel. La philosophie de ce projet est, et demeure la démarche de co-création. Cela suppose que tous les acteurs décident de la tournure du projet sans que l’initiateur ne prétende avoir la science infuse. C’est cette démarche qui a caractérisé tout le processus d’implémentation du projet. A ce titre, le protocole administré aux citoyens fut le fruit d’une réflexion collective. Le travail de terrain, sa validation voire sa vulgarisation sont également maculés de cette co-création.
L’une des premières activités du projet est l’atelier de co-création. En quoi a consisté cet atelier et quelles sont les tâches menées au cours de l’atelier ?
Relativement à cette première activité, il s’est agi de décliner ensemble la tournure qu’allait prendre ce projet en fédérant nos idées initiales et les idées reçues des partenaires dans cette démarche participative. L’un des grands apports de ce premier atelier fut la production du protocole à administrer sur le terrain. Ces partenaires sont nombreux mais je ne pourrai que citer que quelques-uns notamment : Open Street Map ; Association des blogueurs du Bénin, LABIS, GEOMAD, JEVEV, INTERWAVE….
L’autre étape a été celle des consultations citoyennes menées par les ambassadeurs suite à un appel en ligne. Comment la sélection a été faite? Quid desdites consultations ?
La démarche participative a consisté à recueillir la disponibilité des membres des OSC partenaires pour couvrir les communes du Bénin. Cette initiative étant ambitieuse, il a fallu faire un appel public pour avoir d’autres ambassadeurs pour les communes qui restaient à pourvoir. La mission de ces ambassadeurs était de dérouler le protocole de baromètre aux citoyens via des outils modernes de consultations citoyennes. Cette phase de terrain a été dédoublée d’une phase de consultations citoyennes en ligne. Ce fut l’occasion pour les internautes de participer également aux consultations citoyennes. A travers cette ouverture sur la toile, nous avons voulu confronter les résultats de terrain à ceux des internautes pour voir la concordance voir la variabilité des opinions. Le chemin a été long mais ce fut une enrichissante expérience pour les ambassadeurs acquis à la cause. Après cette phase, le projet a suivi son cours.
Quelles ont été les autres étapes du projet ?
Il s’est agi par la suite de traiter, de valider et de débarrasser les résultats des coquilles sans une altération des opinions des citoyens. Ce travail s’est fait dans la transparence avec toutes les parties prenantes allant des OSC partenaires aux membres de Voix et Actions Citoyennes en passant par les citoyens et ambassadeurs de l’initiative qui furent tous présents à l’étape de dépouillement et de validation. Ce sont ces résultats validés qui furent mises à la disposition d’un développeur sélectionné lors d’un appel public afin qu’il puisse mettre ces derniers sur une plateforme numérique. La plateforme web fut le format adapté et contenant ces résultats croisés. La version brute de ces résultats est également disponible sur la plateforme en vue de la réutilisation, l’un des principes phares des données ouvertes.
Quels sont donc les grandes tendances de ce baromètre ?
Les résultats obtenus sont denses, riches et variés. Des points de satisfactions des béninois(e)s sur les mesures prises par le gouvernement ont été noté (information des citoyens, mécanisme de soutien de certains secteurs touchés de plein fouet par la pandémie, souci de protection des citoyens par l’Etat etc.). Il existe des positions partagées sur la reddition des comptes relativement aux aides reçues, l’accompagnement des acteurs du système éducatif voire la protection des couches vulnérables. Il existe également une forte demande sociale envers l’Etat tel que le démontre les recommandations émises par les citoyens. L’on ne saurait tout égrener en quelques minutes d’échanges. Mais ces données sont publiques comme que je le soulignais précédemment.
Votre mot de la fin …
L’ONG Voix et Actions Citoyennes et les parties prenantes à cette initiative remercient les partenaires financiers pour la confiance placée en nous. Pour ma part, il est opportun que je remercie le président de l’ONG Voix et Actions Citoyennes et les autres conseillers inconditionnels, mon co-gestionnaire de projet, les organisations sœurs, ces ambassadeurs engagés mais surtout ces citoyens anonymes qui ont accepté de participer à ces consultations citoyennes pour cette mission de salut public que visait ce projet. De cette tribune, je remercie les gouvernants pour la réception qu’ils feront de ce baromètre, fruit des consultations citoyennes. Nous sommes convaincus que les besoins des citoyens seront pris en compte. Mieux, nous sommes convaincus de l’utilisation responsable que tous les acteurs feront de ce baromètre.
Interview réalisée par Chams-Dine BAGUIRI